Hollywood en alerte : le rachat historique de Warner Bros par Netflix fait débat

Le rachat de Warner Bros par Netflix, évalué à 83 milliards de dollars, soulève de fortes inquiétudes à Hollywood entre risques de monopole, hausse possible des abonnements et menaces pour les salles de cinéma.

ACTUALITE

Vortexwood

12/6/20253 min read

L’annonce du rachat de Warner Bros par Netflix, pour près de 83 milliards de dollars, provoque une onde d’inquiétude à Hollywood comme dans le reste du secteur. Exploitants de salles, élus et concurrents redoutent une concentration encore plus forte du marché, une nouvelle menace pour la distribution en salles et une possible hausse des tarifs d’abonnement, alors que les autorités américaines demeurent étonnamment silencieuses face à cette opération colossale.

Netflix a proposé 72 milliards de dollars, auxquels s’ajoute la dette du groupe, pour mettre la main sur plusieurs actifs majeurs : la plateforme concurrente HBO Max, les studios Warner Bros, et tout leur catalogue. Si cette fusion aboutit, elle placerait sous le même toit deux des trois plus grandes plateformes mondiales de streaming vidéo — hors Amazon Prime, considéré à part pour son modèle hybride — cumulant plus de 428 millions d’abonnés dans le monde.

À eux deux, Netflix et Warner Bros investissent déjà plus de 20 milliards de dollars par an dans la création de contenus, ce qui ferait de l’entité fusionnée le plus puissant producteur audiovisuel de la planète.

Dès mercredi, le sénateur républicain Mike Lee avertissait sur X que ce projet « devrait alerter les autorités de la concurrence du monde entier ». Sa collègue démocrate Elizabeth Warren a, elle aussi, exprimé ses craintes, évoquant un risque d’augmentation des prix, une réduction du choix pour les consommateurs et un impact potentiel sur l’emploi aux États-Unis.

Selon une source citée anonymement par CNBC, l’opération suscite également un « fort scepticisme » au sein du gouvernement Trump. Contactée par l’AFP, la Federal Trade Commission (FTC) s’est refusée à tout commentaire, tandis que la Maison-Blanche est restée muette.

De son côté, David Ellison, patron de Paramount Skydance et concurrent direct pour la reprise de Warner Bros, a rencontré Donald Trump et des membres du Congrès afin de leur exposer ses objections. D’après lui, une acquisition par Netflix créerait un déséquilibre majeur et fausserait la concurrence. Ellison bénéficie d’ailleurs d’un accès privilégié au président, en raison des liens étroits de ce dernier avec Larry Ellison, fondateur d’Oracle.

Le gouvernement Trump a d’ailleurs déjà validé le rachat de Paramount par Skydance Media en juillet.

Des inquiétudes politiques et éditoriales

Plusieurs voix à Hollywood s’inquiètent également du risque d’ingérence politique. La comédienne Jane Fonda a dénoncé, dans une tribune pour The Ankler, l’usage des projets de fusion comme outils de pression ou de censure. Lors de son rachat, Skydance avait dû promettre à la FCC de revoir certaines orientations éditoriales de la chaîne CBS, jugée trop critique envers Donald Trump.

La méfiance a été accentuée par un épisode survenu fin 2024, lorsque Trump a accusé CBS d’avoir modifié une interview de sa rivale Kamala Harris. Peu avant l’approbation du rachat par la FCC, CBS annonçait la fin du Late Show, dont l’animateur Stephen Colbert est connu pour ses positions anti-Trump.

Inquiétudes des salles de cinéma

La fédération des exploitants Cinema United voit dans l’absorption de Warner Bros par Netflix « une menace sans précédent » pour les salles de cinéma. Interrogé vendredi, Ted Sarandos, co-PDG de Netflix, s’est voulu rassurant : les films Warner Bros continueront d’être projetés en salles. Cependant, il souhaite réduire la fenêtre d’exclusivité avant leur mise en ligne, désormais tombée — selon les cas — de 45 jours à un mois, voire à 17 jours.

Dans une lettre adressée au Congrès, un collectif de producteurs a mis en garde : confier Warner Bros à Netflix reviendrait à mettre « la corde au cou du secteur » des salles obscures.